Le temps a passé très vite et il me reste encore beaucoup à écrire sur toi sur ce blog. Quelques pays, dont je n’ai pas encore écrit une seule ligne, tellement je me suis amusée, tellement j’étais occupée à te découvrir.
Presque onze mois à parcourir tes terres, plus de 28 000 kilomètres en bus, en bateau ou en voiture sans compter les trajets en avion. Tout ce temps à observer tes gigantesques montagnes, tes océans, tes lacs, tes volcans, tes villes qui me fascinent. J’avoue, parfois j’ai eu un peu peur, peur de la vitesse folle du bus, peur de l’état des routes. Mon visage collé à la vitre j’étais cependant fascinée par les images qui défilaient peu à peu en avançant sur des rythmes de salsa ou de cumbia dans tes « chicken bus » ou encore dans tes bus incroyablement modernes. Parfois, il a fallu changer de bus, il y avait une panne, une climatisation défectueuse ou encore une vitre brisée mais comme tes habitants le savent si bien, il y a toujours un plan b et celui-ci s’organise en temps voulu. Combien de kilomètres parcourus et à chaque fois une nouvelle inspiration grâce à ces paysages qui me surprenaient encore et encore. Je repense à tes immenses terres, à ces routes droites qui mènent à l’infini ou à ces routes sinueuses qui menaient à plus de 3000 mètres sur ta cordillère ou à quasi 5000 mètres dans l’altiplano, là où les nuages avancent si vite. En barque, j’ai appris à observer le calme aux aurores en repartant de Punta Gallinas, là où le désert se jette dans la mer des Caraïbes, là où la nature a gardé ses droits et ses habitants les Wayuus ont conservé les traditions d’antan et se sont adaptés au climat aride où chaque goutte d’eau compte. Une fois, la panique avait remplacé le calme car je ne croyais plus être sur le lac du Nicaragua mais sur un océan déchaîné, tellement les vagues nous aspergeaient de plein fouet le visage et les pompes de ce bateau en bois n’étaient plus assez efficaces pour enlever toute l’eau qui s’accumulait à l’intérieur.
Je ferme les yeux et je respire encore la brise de l’océan Pacifique et j’ai envie de courir à nouveau à toute vitesse sur tes plages vastes d’Equateur, de me sentir libre. J’aimerais me baigner encore une fois de nuit dans tes eaux chaudes magiques de Cabo Polonio ou aux îles San Blas, là où la voie lactée est tellement visible, où les étoiles se confondent avec les planctons bioluminescents et forment un seul univers enchantant de lumière.
Que ton eau soit turquoise et chaude comme au Panama ou encore turquoise et froide près des Galápagos, j’ai aimé m’y baigner, j’ai aimé observer ces poissons, ces requins, ces tortues géantes, ces fous aux pieds bleus ou encore jouer dans l’eau avec ces otaries curieuses.
Tes déserts aussi me fascinent encore et encore. Qu’ils soient de sable ou de sel, de couleurs beige ou rougeâtres comme en Argentine ou au Chili ou tellement blanc qu’ils éblouissent comme au Salaar d’Uyuni, j’ai adoré rouler là où les routes doivent se deviner.
Ma montée la plus difficile était sur ton volcan Puracé près de Popayán, je comptais mes pas et je n’arrivais pas à en faire plus de cinquante sans m’arrêter tellement mon souffle était difficile. La migraine qui s’en est suivie à la descente, elle aussi n’était pas agréable mais la vue depuis le cratère à 4700 mètres en valait la peine.
Ton héritage culturel est tellement vaste et riche, qu’il soit Inka, Maya ou des conquistadors espagnols, il fascine.
Mes différentes rencontres avec tes indigènes Bribris du Costa Rica, Wayuus de Colombie, Kunas du Panama ou encore des différentes communautés au Pérou ont provoqué chez moi une pure admiration.
Dans tous les pays, tes habitants étaient si accueillants et attachants. Ils ont partagé leur culture, leur temps, leurs expériences de vie et m’ont présenté famille et amis. Qu’ils m’emmènent à leur Suiza du Costa Rica, au souper de Noël des amis de l’université à Guayaquil, m’invitent chez eux à San José, aux Galápagos, à Santiago ou à Buenos Aires, je les en remercie. Toute cette générosité, toute ces discussions, ces expériences communes et ces fous rires ont rempli mon âme.
La fièvre latina m’a envahie, j’écoute Maluma, JC Balvin ou encore Bomba Estereo en boucle. Le gallo pinto, le ceviche, les arepas, les platanos fritos y frijoles me manquent. Je ne lis presque plus qu’en espagnol et je rêve (toujours) de rencontrer Gaël Garcia Bernal à Coyacan. A l’heure de l’apéro, je ne commande plus que du Torrontes, du Pisco Sour ou une Michelada. Je veux souper à onze heures du soir et manger 300 grammes de bœuf à moi toute seule avec une tonne de chimichuri. Je rajoute systématiquement du piment à mes tacos et fajitas. Oui, j’adore le maté et j’en ai ramené pour en boire en écoutant Soda Estero ! Je sais que la ropa vieja ne signifie pas seulement vieux habits mais que ce plat est délicieux quand il est préparé à la Havane et qu’il n’y a pas que le Mojito pour l’accompagner mais aussi le Cubanito. J’étais tellement soulagée de pouvoir continuer à parler en espagnol à Miami plutôt qu’en anglais. Ca y est je me sens latina !
Gracias America latina por compartir tu cultura y tus paisajes con migo, gracias a tu gente preciosa que adoro !